Restorative yoga, l'art de ne rien faire

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De nos jours, il est de bon ton d’être occupé; « busy » comme on dit. Voire carrément « sous l’eau ». Planning submergé, rendez-vous qui s’enchaînent, nous sommes débordés. Non seulement nous sommes débordés, mais surtout, nous aimons montrer que nous le sommes.
Le restorative yoga arrive alors comme la petite révolution de nos emplois du temps surchargés.
Déjà quand j’étais salariée – clairement, je l’ai beaucoup plus vécue à Paris que lorsque je vivais à Grenoble – on avait l’impression qu’il fallait toujours en rajouter des caisses pour sembler plus occupés les uns que les autres. C’était la compét à celui qui était le plus sous l’eau. Dans le boulot comme dans le perso d’ailleurs. Le week-end, c’était souvent à celui-ci qui aurait le plus de soirées. « Ton anniv’ ? Ouaiiiii franchement promis j’essaye de passer mais j’ai déjà une pendaison de crémaillère, 2 pots de départ et une bar-mitsva, mais je fais mon max vraiment ». Evidemment, à vouloir aller partout et voir tout le monde, on ne profite plus de rien. Pourquoi on faisait ça ? Je dirais, parce que plus t’es busy, plus t’as l’impression d’être important. C’était il y a bientôt 8 ans et j’ai l’impression que rien n’a changé. Il se peut même que ce soit pire.

Le restorative yoga serait-il une solution pour nous permettre de ralentir le rythme et d’inverser la tendance ?
Pour ma part, un nouveau paradigme s’amorce dans ma vie depuis mon retour du Mexique. Ralentir. Prendre plus de temps pour faire ce qui me plaît et être avec ceux que j’aime. Un luxe me direz-vous ? Pas si sûr. Je connais des femmes d’entreprises, mamans de surcroît, qui ont arrêté de courir après le temps et dont la sérénité en toute circonstance me laisse admirative.
Etonnamment, c’est à la suite de cette décision de ralentir que je me suis retrouvée en restorative yoga. Autant te dire que ce teacher training est arrivé à point nommé, « comme par hasard » 😉

Restorative yoga, qu’est-ce que c’est ?

C’est probablement le yoga le plus doux que j’ai rencontré. Totalement passif, il se pratique à l’aide de différents supports: briques, bolsters, couvertures et j’en passe. Ces supports nous aident à entrer dans la posture que nous tenons au minimum 10 minutes dans un relâchement total. Relâchement à tous les niveaux: physique, mental et émotionnel.
Alerte idée reçue !
Le restorative yoga et le yin yoga, c’est la même chose.
J’étais la première à penser ça avant d’avoir essayé. Ces deux approches, certes similaires, différent en un point principal: l’intention.
En Yin yoga, on travaille beaucoup plus sur l’assouplissement. Les postures sont tenues longtemps, parfois de manière plus ou moins confortable, pour permettre au corps de se relâcher totalement et de venir accroître la flexibilité.
En Restorative yoga, les postures se doivent d’être le plus confortables possibles. On ne cherche pas à étirer ou à assouplir. On cherche juste à ne rien faire.

A qui s’adresse le restorative ?

A tout le monde j’ai envie de dire ! Sauf si tu es dans une phase ultra dynamique et que tu as besoin de bouger, cela va sans dire.
Yogis aguerris ou non, vinyasa, hatha ou ashtanga, je pense qu’on a tous besoin d’une petite séance de yoga restauratif une fois de temps en temps.
Petite pensée particulière à mes collègues professeurs de yoga qui courent toute la journée et qui dépensent une énergie folle dans leur métier. Avant que ton corps te dise stop, une petite séance régulière de restorative et pimpampoum, ça repart !

Les 3 grands principes du restorative yoga

Le silence

Ce qui peut surprendre aux premiers abords, c’est que non seulement les postures sont tenues très longtemps, mais que le professeur ne donne aucune instruction pendant tout ce temps. Pas de relaxation guidée ou autre. Nous sommes seuls avec nous-mêmes, dans un silence trop souvent absent de notre quotidien.
Le silence, vaste sujet. Crains par les élèves, appréhendé des profs. Les moments de silence sont souvent associés à des moments de flottement qui laissent un sentiment parfois bizarre, souvent gênant. En tant que prof, on a peur de laisser nos élèves en tête à tête avec eux-mêmes. On se sent souvent obligés de dire quelque chose, de les guider quelque part. En tant qu’élève, il arrive que le silence nous laisse perplexes voire un peu perdus. On se sent parfois obligés d’être guidés, enveloppés par la voix du prof.
Ici, j’aime cette idée que le silence soit un maître mot. Cela pose les bases dès le début, pour le prof comme pour l’élève. On sait à quoi s’attendre, i.e. à rien ! Pour moi, c’est alors l’occasion de s’engager pleinement dans l’expérience restorative. Pour le prof, pas de prise de tête sur savoir quoi dire. Il n’y a rien à dire.

Le support

A l’approche de cette formation, je reçois un email qui me demande une liste longue comme le bras d’objets à apporter: 4 couvertures, des blocs de yoga, un eye-pillow etc. etc. J’avoue avoir été un peu interloquée par tout ça. « Euh… la formatrice est-elle au courant que, de toute façon, nous ne pourrons jamais travailler avec nos élèves avec autant de matériel par personne ? » J’ai donc apporté ce que j’avais sous la main, soit 2 couvertures, un bloc et c’est tout.
Je me permets ce petit aparté pour préciser que, côté matos de yoga, je suis totalement à la rue. J’ai acheté un bloc 2 heures avant le début de la formation. Oui oh ça va je sais ce que tu vas dire. « C’est quoi cette prof de yoga en carton qui n’a pas de bloc ? » Et bien figure-toi qu’en viniyoga, on fait avec les moyens du bord et que je n’ai, en conséquence, jamais eu besoin de les utiliser. Il faut dire aussi que je ne travaille pas en studio où il y a parfois beaucoup de matériel. En entreprise et chez les particuliers, si on a déjà des tapis, c’est fantastique. Alors oui, j’utilisais parfois des bouquins ou d’autres supports de fortune comme sur cette vidéo 🙂

Dès le premier jour de formation, à vouloir faire ma rebelle, je me suis évidemment retrouvée en galère. C’était prévisible, il me manquait plus de la moitié du matos. Finalement, j’ai fait avec les moyens du bord et la gentillesse de mes amies professeures et tout s’est bien passé.
Je vais t’avouer un truc. Le soir-même, en rentrant chez moi, j’ai eu envie d’acquérir à peu près tout ce qui peut exister dans la catégorie « accessoires yoga ». Ce premier jour avait suffit à me convaincre. Et puis franchement, tu sais ce que c’est toi un eye-pillow ? Moi je n’en savais rien.  Mais maintenant que j’ai découvert ce truc, comment te dire que je ne peux plus m’en passer !
A propos de tout ce matériel absolument nécessaire à la pratique du restorative, il y a cette image de Lizzie Lasater que j’aime beaucoup et que je me permets de remodeler à ma sauce:
Quand tu veux faire du ski, si tu débarques à la montagne en tenue de ville et sans matériel, tu peux bien essayer tant que tu veux, ce sera toujours plus facile de skier avec une paire de ski au pied.
Alors certes, si vous êtes déjà yogis, vous avez le tapis. C’est un bon début ! Mais c’est comme essayer d’apprendre la batterie sur une grosse caisse, ça risque d’être rapidement limitant.
C’est vrai, pour pratiquer ce yoga, il faut se donner les moyens d’investir dans du matériel ou trouver le studio qui propose autant d’accessoires pour tous les élèves. Evidemment, y’a aussi l’option cours particulier avec moi où je m’occupe de tout ce matos cher et encombrant ! 😉
J’aimerais ajouter que ces supports ne sont pas juste des blocs de yoga et des couvertures. Ils sont bien plus que ça. En restorative yoga, on se sent porté.e, supporté.e, enveloppé.e. Tous ces objets ont donc aussi une symbolique forte car ils nous offrent la possibilité de lâcher-prise. Ils ont une valeur émotionnelle non négligeable, tu peux me croire !

Le temps

Installer le matériel, se placer, entrer dans la posture et y rester, ça prend du temps. Un peu plus que de s’enchaîner une salutation au soleil. Problème: nous, on n’a jamais le temps. Sauf qu’en restorative, on n’a pas le choix. Ce temps, on est obligé de se l’accorder. On s’autorise à le prendre.
On est bien d’accord que, dans la vie, le temps qui passe nous est parfois d’une grande utilité. Il nous aide à prendre du recul, voir les choses autrement, faire les choix justes, pardonner etc. Imaginez qu’au lieu de laisser passer des semaines, des mois voire des années pour avancer sur nos différentes problématiques, vous puissiez le faire en une séance de yoga restauratif ? Comme si le restorative était une machine à voyager dans le temps !
Bon ok, je m’emballe un peu. Mais restez encore un peu. On a besoin de temps pour prendre du recul sur les choses parce que, la plupart du temps, on a la tête dans le guidon. On est d’accord ? Et, justement, avec le restorative, on sort la tête du guidon (et de l’eau par la même occasion). On fait un petit retour sur soi, le corps absolument relâché grâce au support, le mental apaisé dans un silence que nous n’avons pas l’habitude d’écouter. On sort de notre séance et boum, un problème qui nous prenait la tête depuis des jours finit par trouver une solution. Magique ?
Pas vraiment. Le dernier jour, Lizzie nous pose cette question: « Il m’arrive, après une méditation ou 15 minutes en savasana, de voir apparaître dans mon esprit la solution à un problème sur lequel je me prenais la tête. Avez-vous déjà ressenti cela ? »
Et vous ?
Pour moi, prendre le temps, c’est l’optimiser.

Restorative yoga, ses surprenants effets

Pendant mes cours de vinyasa et de hatha, il m’arrive encore beaucoup de pratiquer avec les élèves. Soit plusieurs heures de pratique par jour. A plusieurs reprises, mon corps a manifesté son mécontentement face à la pratique intensive → Ecoute, ton corps te parle. 
Pourtant, je n’ai jamais autant souffert après ma première séance de restorative. 15 minutes en balasana (cf photo ci-dessous) + 25 minutes en savasana et j’étais déglinguée. Sans blague, mes sacro-iliaques me lançaient comme jamais et la douleur lancinante dans la hanche gauche m’obligeait à boiter !

Moi qui ai l’habitude de pratiquer intensivement, je n’ai jamais eu le corps aussi fatigué après un savasana. Quand je te disais que c’était la posture la plus difficile au monde* ! 😉
Mais comment est-ce possible ? Je pense tout simplement que le restorative yoga a fait son taf. Quand le corps lâche, les douleurs enfouies se réveillent. Et elles ne se réveillent pas pour nous embêter, elles se réveillent pour que, la prochaine fois, on fasse un peu plus gaffe. C’est exactement comme lorsque tu tombes malade au début de tes vacances. Pas de chance, tu penses ? Rien à voir. Juste un retour de bâton de ton corps pour te montrer que tu lui en a fait bien baver.
D’où l’importance et presque l’urgence d’une pratique plus douce au beau milieu de nos asanas intensifs. Profs et élèves, nous avons tous besoin d’un break. 
Enfin, à noter que le restorative se pratique dans un relâchement total du corps et du mental, mais aussi de la respiration. Avis aux fanatiques de la respiration ujayi – pour les yogis en herbe: respiration avec freinage au niveau de la gorge, « à la dark Vador » –  c’est fini. On ne force pas la respiration et on oublie surtout l’ujayi. Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas proposer un rythme respiratoire pendant 1 à 2 minutes en début de pratique. Mais l’ujayi est beaucoup trop sur la force, sur la puissance. Et c’est tout le contraire que l’on recherche ici.

Bravo aux yogis qui sont arrivés jusqu’à la fin de cet article. J’espère qu’il vous aura plu et surtout qu’il vous aura été utile. Pour plus d’info sur le sujet n’hésitez pas à me contacter !
*voir l’article La posture de yoga la plus difficile au monde

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