L’iguane: la posture de yoga qui rend invisible

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J’ai souvenir d’un pique-nique au Parc Paul Mistral de Grenoble (PPM pour les intimes) où la soirée avait dégénéré en « Et toi, c’est quoi la plus grande honte de ta vie ?« . Et je me souviens avoir beaucoup, beaucoup ri.

Que ce soit mon aventure ou celles de mes potes, je me dis qu’on aurait tous beaucoup apprécié, à un moment donné de notre vie, de se rendre invisibles. L’article qui suit s’inspire largement de cette anecdote.

A l’école, déjà, quand arrivait le moment fatidique du passage au tableau, je me liquéfiais sur place. J’ai toujours eu horreur de m’afficher devant les autres, que j’ai la bonne réponse ou pas, d’ailleurs. Je détestais juste le principe de passer au tableau. Là-aussi, j’aurais sûrement apprécié connaître cette posture magique. Malheureusement, rougir n’a jamais fait disparaître personne!

Aujourd’hui, sans franchement pouvoir parler de honte suprême, ne me dis pas qu’il n’existe pas des tas de moments dans ta vie où tu aurais préféré te rendre invisible, toi aussi ?

Ton boss se pointe dans l’open-space à la recherche désespérée du pigeon qui devra se cogner les heures supp’ mal payées; Tu as pris la serviette de ta fille pour aller seule faire un break à la plage ? Ce sera ton boule sur le sable ou sur Winnie l’Ourson, à toi de choisir.  Tu as rdv dans 30 minutes avec tes meilleurs clients quand ton talon s’arrache délicatement mais sûrement dans une grille de métro; Tu fonces à la bourre à un rencard, t’apercevant trop tard que tu t’es mal épilée… Ou plus simplement, tu n’as pas su te contenir en relâchant mula bandha en plein cours collectif (blague de geek, pardon).

Bref, vraiment, les situations ne manquent pas. C’est la raison pour laquelle il me fallait te présenter ma botte secrète. 😉

L’guane, la posture de yoga magique

Godhapitham en sanskrit.

Des postures d’animaux en yoga, on peut s’en mettre tout le tour du ventre. Le cobra, l’éléphant, la sauterelle, le chien, le chat, la tortue et j’en passe. Mais l’iguane ? Il est fort possible que ce soit l’une des première fois que vous entendiez parler de celui-là. L’iguane n’est pas une posture de yoga très répandue. D’ailleurs, amusez-vous à taper « posture de l’iguane » ou même « iguane yoga » dans Google. Vous ne trouverez pas franchement pléthore d’info.

Parmi les quelques renseignements que l’on peut dégoter, impossible de trouver 2 fois les mêmes représentations de postures. Visiblement, même les écoles de yoga ne s’accordent pas là-dessus.

Pour certains, l’iguane ressemble à ça:

 

Celle-ci, on la retrouve visiblement dans la tradition Hatha Yoga. Une posture qui doit vous être familière puisqu’elle fait partie d’une des versions de la salutation au soleil.

Pour d’autres, c’est carrément ça.

 

Si vous trouverez le rapport entre les 2 postures de yoga ci-dessus, faites-moi signe, ça m’intéresse!

Ça, c’est selon la tradition du Purna Yoga. Je n’épiloguerai pas là-dessus car je n’y connais rien en Purna Yoga. On y reviendra plus tard si je vois que le sujet passionne les foules. Ce que je sais, c’est que même le nom sanskrit est différent dans ce courant. La posture de l’iguane s’appelle ici kandapidasana. .

En Viniyoga, notre conception de l’iguane s’approche de celui que l’on retrouve en Hatha Yoga. Pas étonnant puisque le Viniyoga s’inspire beaucoup de ce courant majeur.

 

J’ai découvert cette posture de yoga il y a à peine quelques semaines pendant un stage d’observation. C’est mon grand manitou Claude Maréchal qui l’a évoquée lors d’un cas pratique. Je suis toujours bluffée par la source inépuisable de connaissances et la clarté d’esprit de cet homme. C’est une personne pour laquelle j’ai non seulement un profond respect mais surtout une infinie reconnaissance dans l’enseignement qu’il nous transmet au fil de ces années.

Une fois de plus, ce jour-là, il n’a pas manqué de tous nous surprendre avec ce postulat on ne peut plus sérieux.

Pratiquer la posture de l’iguane vous aidera à devenir invisible.

L’iguane, la posture magique

La capacité de se rendre invisible aux yeux d’autrui est abordée dans le Chapitre III, Aphorisme 21 des Yoga Sutras de Patanjali:

Kaya rupa samyama tat grahya shakti tat stambhe chaksuh prakasha asamprayoga antardhanam

Que l’on pourrait traduire par:

Lorsque le Samyama est accompli sur un corps physique, les caractéristiques visuelles de ce corps se trouvent suspendues, et deviennent ainsi invisibles aux yeux de tous.

Autrement dit, en atteignant le Samyama, nous avons la capacité de faire disparaître notre corps physique aux yeux des autres.

Le Samyama, c’est quoi?

C’est ce que l’on peut appeler en français « la maîtrise de soi« . Le samyama regroupe 3 des 8 membres du yoga. Pour vous rafraîchir la mémoire, rdv ici pour un topo sur l’Ashtanga Yoga, le Yoga à 8 membres —> https://my-happy-yoga.com/allo-docteurs-yoga/

Le samyama, c’est donc la combinaison de ces 3 membres:

Dharana – la concentration sur un objet

Dhyana – la méditation vers l’intérieur de soi

Samadhi – l’illumination, la révélation de la conscience à elle-même

Comment devenir invisible?

Le corps humain, comme tout objet matériel, a la capacité d’être vu par autrui. Jusque-là, pas de souci. On est tous au même niveau. Notre corps est visible par les autres et nous pouvons également voir le corps physique des autres.

Lorsque l’état de samyama est atteint, il est possible de maîtriser cette capacité de notre corps à être vu.

C’est au travers de cette maîtrise de notre capacité à être vu que l’on dit que le yogi peut devenir invisible. Ce qui n’est pas parfaitement exact. En réalité, le yogi n’acquiert pas le pouvoir de l’invisibilité. Ce n’est pas un pouvoir qui s’ajoute à ce qu’il est.

Pour être parfaitement précise, il développe en fait sa capacité à être vu des autres (qu’il possède déjà) jusqu’à parvenir à la contrôler totalement. Le fait qu’il puisse parfaitement la contrôler lui permet alors de se rendre comme invisible aux yeux des autres. Comme si les autres perdaient leur capacité physique de le voir. Vous suivez ? Ça peut paraître un peu capillotracté vu comme ça mais la nuance est essentielle en réalité.

C’est ainsi que Claude Maréchal nous explique qu’en pratiquant régulièrement cette posture de l’iguane, il est possible d’apprendre à contrôler notre capacité à être vu et à l’utiliser à bon escient.

Pour être honnête, je découvre à peine cette posture depuis quelques semaines donc je ne peux pas témoigner de son efficacité empirique.

L’invisibilité, un siddhi?

L’invisibilité ou plus précisément la disparition du corps physique aux yeux d’autrui, est donc bien l’un des siddhi cités par Patou.

Les siddhi sont, dans la tradition du yoga, considérés comme des pouvoirs surnaturels que l’on acquiert au fur et à mesure de notre vie d’ascète. Autant te dire que le pouvoir d’invisibilité, c’est pas pour après-demain. La capacité à devenir invisible, bien que faisant partie des siddhi, n’est pas nommée parmi les 8 principaux, qui sont:

  • aṇimā : prendre une forme infime ou réduire le corps au maximum;
  • laghimā : devenir aussi léger qu’une plume ;
  • mahimā : devenir immense ;
  • prāpti : supraperception et capacité d’obtenir ce que l’on veut ;
  • prākāmya : accomplir toute chose ;
  • vaśitva : volonté irrésistible ;
  • īśitva : suprématie divine ;
  • kāmāvasāyitā : subjuguer ses passions.

Pourtant, l’invisibilité fait bien partie des principaux siddhi dans la tradition bouddhiste, au même titre que:

  • la projection de l’esprit en de multiples images de soi-même
  • le pouvoir de traverser les obstacles solides
  • le pouvoir de pénétrer la terre comme si c’était de l’eau
  • le pouvoir de marcher sur l’eau
  • le pouvoir de voler
  • le pouvoir de « toucher le soleil et la lune »
  • le pouvoir de maîtriser son corps « jusqu’au monde de Brahma »

On les appelle d’ailleurs les iddhi.

Pour en savoir plus, rdv ici.

Sans forcément s’attacher au côté ésotérique de la posture, sachez que l’iguane regorge de bien d’autres bienfaits:

  • Étire les quadriceps (muscles des cuisses)
  • Assouplit les chevilles
  • Favorise la respiration thoracique
  • Ouvre les épaules
  • Stimule la glande thyroïde
  • Assouplit la colonne vertébrale

Autant de bonnes raisons de pratiquer cette posture de yoga sans modération !

L’iguane, l’asana

Prise de posture

Maintenant que vous savez tout des pouvoirs magiques de la posture de l’iguane, voyons comment la pratiquer.

Assis sur les genoux, amenez progressivement la jambe gauche tendue vers l’arrière.

Placez les deux mains, doigts écartés au niveau du genou avant. La posture se tient sur le bout des doigts. Repoussez la pulpe dans le sol pour vous stabiliser.

Ouvrez les épaules et levez le menton vers le haut (gaffe à la nuque, pas la peine d’aller trop loin ;)).

Cette posture se tient en statique sur quelques respirations. Quand vous avez fini d’un côté, reprenez de l’autre.

Contre-posture?

Comme toujours, pensez à pratiquer un petit mouvement léger après la posture, surtout si vous l’avez pratiquée longtemps.

Je vous conseille ici paschimottanasana (posture de la pince) en version ultra light avec les jambes repliées et en dynamique.

 

J’espère que cet article t’a plu et qu’il t’a donné envie de découvrir d’autres postures de yoga !

Bon et maintenant, plus sérieusement, c’est quoi la honte de ta vie ? 😉

 

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Cet article a 6 commentaires

  1. CLAIRE

    Article très intéressant (comme toujours) et une nouvelle posture que je peux ajouter à ma pratique, merci Emilie.
    Pour moi la plus grande honte de ma vie c’est d’avoir appelé une de mes profs maman. J’étais à l’université, je ne voulais absolument pas rater un cours important, malgré ma grippe. Je me suis involontairement endormie sur ma table de cours et quand la prof est venue me secouer pour me réveiller, c’est à ce moment là que je l’ai appelé maman. Je pense que ça a été ma plus grosse honte.
    A bientôt

    1. Emilie

      Hello Claire! Ravie que cet article puisse te servir à avancer dans ta pratique! J’espère que tu ne m’en veux pas mais j’ai souri très fort en lisant ta petite aventure à la FAC 🙂 Je trouve ça super mignon. J’imagine que tu en ris beaucoup maintenant! 😀

      1. Claire

        Oui maintenant j’en rigole et heureusement d’ailleurs, je ne me suis pas arrêtée à cet épisode. Mais bon cette petite aventure m’a suivie durant le reste de l’année universitaire.

        1. Emilie

          Je comprends. C’est assez étonnant de voir comment certaines expériences délicates peuvent se révéler légères. Le temps y est pour beaucoup. C’est d’ailleurs souvent lui qui bosse pour nous, et heureusement 🙂 Dans le yoga, on peut aussi apprendre à avoir ce recul, ce détachement, au moment même où les choses se produisent. Parfois, cela peut nous permettre d’économiser beaucoup de temps et d’énergie, souvent négative 🙂

  2. Chloe

    Dans la première posture photographiée, il me semble avoir toujours entendu que le genou ne doit pas dépasser la cheville pour le bien être de notre squelette ! Est-ce que je me fourvoie ?

    1. Emilie

      Hello Chloe ! Merci pour ta remarque je trouve intéressante. J’attache une attention particulière à ce genre de détail et, dans le cadre de la posture du guerrier par exemple, j’insiste toujours sur ce point (pas plus tard que la semaine dernière dans la vidéo sur la confiance en soi https://my-happy-yoga.com/video-yoga-booster-confiance-en-soi/;). En ce qui concerne cette posture en particulier – appelons-la l’iguane – il n’y a visiblement pas de souci majeur à ce que le genou dépasse la cheville. Jette un œil aux différentes illustrations de salutations au soleil sur le web, tu verras que la posture est systématiquement représentée comme elle l’est ci-dessus dans l’article. Mais ta question pertinente m’a fait m’interroger sur cette différence. Je pense que dans le cas de l’iguane, les points d’appui sont différents et le centre de gravité plus bas que dans le guerrier. Le poids du corps repose alors beaucoup moins sur le genou avant. Aussi, j’imagine que la tension sur le genou est moins intense dans le cas de l’iguane. Voilà comment j’expliquerais que, dans le cas du guerrier, il faille particulièrement faire gaffe à la position du genou par rapport à la cheville, alors que dans l’iguane, visiblement pas de souci. Qu’en penses-tu? 🙂

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