En tant qu’élève, il y a des comportements en cours de yoga qui peuvent me faire péter un plomb. Mais ne me juge pas trop vite car je suis sûre que, toi aussi, ça t’ai déjà arrivé.
Patou, aka Patanjali, se retournerait probablement dans sa tombe en lisant ce qui suit mais il prendra soin d’apprécier l’honnêteté des propos et, surtout, cette envie de progresser vers ahimsa, la non-violence.
Je me suis amusée à classer ces comportements agaçants du plus soft à celui qui me fait vraiment vriller. Oui, je m’éclate.
1. Celle/Celui qui respire fort
Entre celui qui expire par la bouche comme s’il était en train de tracter un 3 tonnes et celle qui exagère son ujayi puissance mille, on est parfois vernis !
Oui, je sais, l’ujayi est une respiration plus ou moins bruyante. Disons que lorsque l’on découvre pour la première fois cette respiration, il est presque nécessaire de l’exagérer pour l’entendre, la sentir.
Pour rappel, ujayi, signifie en sanskrit « victorieux ». On l’appelle aussi la respiration du guerrier. Pour pratiquer l’ujayi, on inspire l’air par les narines, bouche fermée, et on opère un freinage de cet air au niveau de la gorge ce qui créé ce bruit subtile. Oui, subtile. Car en réalité, l’idée de l’ujayi n’est pas de faire le plus de bruit possible mais bien de chercher à réduire petit à petit le filet d’air qui nous traverse. L’intérêt de cette technique est multiple. Elle permet d’apaiser le mental et, selon l’enseignement qu’a reçu Claude Maréchal de son maître Desikachar, il permet une connexion plus intime de tous les corps, physique et subtiles.
En réalité, ce n’est pas tant le bruit qui me dérange. Mais t’as parfois l’impression que ces personnes qui s’expriment de manière si libérée sont seules chez elles à pratiquer leur yoga. On dirait qu’elles n’en ont absolument rien à carrer que toi, tu sois à côté à essayer de te concentrer. Or assister à un cours de yoga collectif, c’est aussi prendre conscience que l’on n’est pas tout seul et le bon sens voudrait que l’on s’adapte. Du reste, c’est mon point de vue.
2. Celle/Celui qui se regarde dans le miroir
J’ai un vrai souci avec les miroirs ça, tu le sais → Miroir mon beau miroir. D’ailleurs, comme je donne mes cours de yoga dans des salles où il y a aussi du pilates et de la danse, il y a des miroirs partout et je dois redoubler d’ingéniosité pour être certaine que les élèves ne passent le cours bloquées sur leur image.
Nous sommes d’accord que jeter un œil sur son reflet une fois ou deux pendant le cours peut permettre d’ajuster sa posture. Même si, bon…
Mais s’observer pendant une heure, là… Notre ego est déjà suffisamment sollicité toute la journée, c’est peut-être pas la peine d’en rajouter.
3. Celle/Celui qui arrive en retard.
C’est pénible. Vraiment. Je veux dire, c’est pas comme si tu arrivais à la bourre à un cours de sport où ça bouge dans tous les sens, ça fait du bruit. Là, t’es calée, tu commences enfin à mettre de côté la journée pourrie que tu as passée, tu reviens tranquillement à l’intérieur de toi quand soudain, boum. Une porte qui s’ouvre, le parquet qui craque, un tapis qui se déroule sur le sol avec fracas et une nana essoufflée qui tente de reprendre ses esprits. Et toi aussi.
Petit aparté d’ailleurs à propos du tapis déroulé au sol avec fracas. Ce n’est pas nécessaire. Il est tout à fait possible de dérouler son tapis en douceur sans engendrer un gros « boum ». Mettons plus de délicatesse dans notre vie, bordel 🙂
4. Celle/Celui qui cocotte
Evidemment, on a tous eu affaire à celui ou celle qui a tapé un sprint pour arriver à l’heure (au moins elle est à l’heure, elle) et qui débarque en trans..pi au cours. Mais sont-ce les pires ? Parce qu’il y a aussi celles qui se sont apprêtées pour leur cours de yoga comme un samedi soir. Maquillage impeccable, coiffure parfaite, yoga pants dernier cri, cela va s’en dire. Mais le parfum, était-ce bien nécessaire. On est en droit de se poser la question.
5. Celle/Celui qui empiète sur ton espace vital
La salle est pourtant grande mais elle vient coller son tapis à 2 millimètres du tien. Bah non, je ne suis pas d’accord. Respecte mon espace vital, enfin !
6. Celle/Celui qui marche sur ton tapis
Dans le même genre que le n°5 mais en plus insupportable. Alors oui je sais c’est con. C’est probablement un truc de freak maniaque. Et puis il doit y avoir quelque part une petite notion d’attachement à régler. Quand bien même, c’est un truc qui me rend dingue. Ne peux-tu pas, sans déconner, marcher à côté de mon tapis plutôt que dessus. Vraiment…
7. Celle/Celui qui a cours juste après toi
Elle est derrière la porte et attend que ton cours de yoga s’achève. Elle râle, se plaint que la prof est toujours en retard. Elle doit aller chercher ses enfants à l’école, son patron lui en a bien fait baver aujourd’hui. Ou mieux, elle a rencontré un nouveau mec sur Tinder hier et c’était le coup du siècle. Pendant ce temps, toi, tu te retiens pour pas crier « Ta g***** !!! », ahimsa oblige; et tu cherches tant bien que mal à entrer dans ton savasana.
8. Celle/Celui qui ne dit ni bonjour ni au revoir ni merci ni merde
Elle entre dans le vestiaire sans dire bonjour et repart comme un pet sur une toile cirée. Elle est venue prendre son cours et elle n’a visiblement pas envie qu’on la fasse chier. Mais voilà, il se trouve que je suis assez à cheval sur la politesse. Au début, tu te dis qu’elle est timide et qu’elle n’ose pas. Et puis au bout de quelques mois, tu te rends à l’évidence. Une seule question me turlupine dans ce cas, mais que lui apporte le yoga ?
ૐ
Et moi, qu’est-ce que je cherche en partageant tout ça ? En écrivant ce billet second degré, parfois teinté de mauvaise foi, mais qui met en lumière une donnée importante que nous transmet le yoga. Nous sommes tous agacé•es par certains de ces comportements. Et en même temps, nous nous sommes tous retrouvé•es à la place de ceux qui nous énervaient. Les autres reflètent ce que nous sommes, même lorsque ce n’est pas beau à voir. Surtout quand ce n’est pas beau à voir. On préfère souvent juger les autres que d’aller balayer devant sa porte. Prendre conscience que les travers de ceux qui nous entourent sont parfois aussi une partie de nous, ça fait mal hein ? Difficile à accepter, mais c’est ça qui fait avancer.
Revenons sur cette notion que j’ai pas mal teasée dans l’article. Ahimsa. En sanskrit, « non-violence ». Aujourd’hui, on dirait plutôt « bienveillance« . Ahimsa, c’est cette capacité que nous avons tous à éprouver de la bienveillance envers tous les êtres. Un peu facile d’être sympa et généreux vis-à-vis de celui qui te le rend bien. Mais qu’en est-il lorsque l’on est confronté à de vrais cons ? Il est là le vrai pouvoir d’ahimsa.
ૐ
Ce que j’ai fait, énumérer et classer arbitrairement ces comportements auxquels on a tous plus ou moins été confrontés en cours de yoga, c’est facile. Vraiment facile. Ce qui l’est moins, c’est de se poser les vraies questions. Pourquoi ces comportements me font péter un plomb ? Qu’est-ce que ça révèle en moi ?…