Après le « Bière Yoga », voici le Ganja Yoga, mêlant consommation de cannabis et pratique du yoga. Et ça n’a rien d’une blague ! Le concept existe bel et bien outre-Atlantique. La question que l’on pourrait légitimement se poser : encore une énième dérive du yoga ?
C’est au Canada, à Toronto, que le concept « yoga et cannabis » fait fureur. L’idée est simple. Chaque session de yoga débute par quelques bouffées de cannabis qu’inhalent les élèves, laissant la pièce s’emplir progressivement de cette odeur si caractéristique.
Le cours débute, les élèves installent leur tapis. Ils viennent ici pour « lâcher-prise« , se détendre, en mêlant asana, pranayama et marijuana. À première vue, à part cette odeur de weed, rien ne diffère d’un cours de yoga ordinaire.
Ils ont tous entre 25 et 50 ans et viennent de tous les horizons : chefs d’entreprise, pharmaciens, banquiers, pères et mères de famille. Cependant, ils ont tous un point commun. Ils sont malades. En effet, au Canada, la consommation de cannabis est uniquement autorisée à dessein thérapeutique. Ces patients disposent tous d’une ordonnance qui leur permette de consommer.
Avant d’entrer à proprement parler dans les postures, les élèves font circuler un grand ballon en plastique dans lequel ils aspirent le cannabis.
Ils utilisent en réalité un vaporisateur dans lequel le cannabis est chauffé. À la différence de celui que l’on fume, avec la vaporisation, l’herbe n’est pas brûlée. On évite ainsi tous les contaminants toxiques résultant de la combustion classique. D’ailleurs, ce principe s’utilise pour consommer tous types de plantes médicinales. Contrairement à l’infusion, le principe de vaporisation permettrait de récupérer une quantité plus importante des principes actifs des plantes. Avec ce système, le cannabis atteint une température où les ingrédients actifs, notamment le THC, sont relâchés sous forme de vapeur, capturés dans le ballon puis inhalés par les élèves.
Pancini est le propriétaire des lieux et c’est lui qui enseigne le Ganja yoga. Il explique:
“C’est en train de décoller, dans le bon sens. Le cannabis relaxe tout le monde pour atteindre les bénéfices ultimes du yoga, et pour certains, c’est un petit peu plus »
Bon… le mec a l’air déjà bien bien bien…
Pour Pancini, le Ganja Yoga mènerait à une augmentation de la spiritualité et au développement personnel, ainsi qu’à une guérison physique et émotionnelle.
Et là, je me sens un peu obligée de faire ma grande gueule.
ૐ
Le nombre de pays autorisant le cannabis à usage thérapeutique sont de plus en plus nombreux : Australie, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Espagne etc. Cet usage est strictement encadré et suppose nécessairement une prescription médicale. Dans un tel cadre, le cannabis est utilisé pour certaines de ses propriétés qui ont déjà fait leurs preuves : relaxant, anti-spasmodique, anti-inflammatoire, anti-psychotique, analgésique etc. Les patients sous chimiothérapie l’utilisent pour soulager nausées et vomissements tandis que les séropositifs s’en servent pour stimuler leur appétit, réduit à néant sous l’effet des antiviraux.
Dans ce cas, on l’utilise beaucoup en infusion, de préférence bio – vous reprendrez bien une petite tisane au cannabis?!* – ou « vaporisée ». Ces méthodes étant amplement préférables au pétard pour les raisons que nous avons citées plus haut.
En revanche, dire que la consommation de cannabis développerait la spiritualité… Hum.
Un petit point mythologie pour éclairer tout ça.
Il y a environ 3 000 ans, à l’époque des Védas, le cannabis faisait partie des 5 plantes sacrées. Il était consommé sous diverses formes : fumé, infusé ou brûlé en encens. Utilisé pour ses propriétés d’exaltation, on disait qu’il jouait un rôle dans le développement de la spiritualité.
Mais dans les faits…
Il est vrai que l’un des effets du cannabis est de calmer le mental… comme le yoga ! Pourtant, la consommation régulière de cannabis entraîne une altération des capacités cognitives de manière générale. Elle a un impact sur notre mémoire, notre volonté à passer à l’action, notre capacité à sociabiliser aussi. Sans compter qu’elle créé une dépendance.
En yoga comme en méditation, on apprend à calmer le mental pour laisser apparaître autre chose. Cette autre chose, c’est ce que l’on appelle le « moi-profond« . Ton vrai toi, enfoui derrière les jugements, les peurs et les doutes. On découvre également le plaisir de savourer l’instant présent. D’être ici et maintenant.
À travers la pratique régulière du yoga et de la méditation, beaucoup de choses vont changer. Ton corps, ta façon de penser, ton rapport aux autres. Meilleure forme physique, développement de la concentration et des facultés d’attention, plus grande créativité etc. Spirituellement, tu te sentiras de plus en plus connecté.e à ton « moi-profond ».
En consommant du cannabis pour le plaisir (i.e. pour des raisons autres que thérapeutiques), à terme, c’est précisément tout le contraire qui se passe. La fatigue physique et intellectuelle peuvent atteindre des sommets.
Néanmoins à Toronto, le Ganja Yoga reste particulièrement encadré. La directrice du programme tient à rappeler que le cours n’est pas un happy hour de la fumette. Tous les élèves doivent être majeurs et un comportement exemplaire est requis pendant les séances.
Le cannabis est apporté par les élèves eux-mêmes et n’est jamais vendu ou acheté sur place.
La directrice souhaite également préciser que l’objectif premier de ces séances n’est pas de fumer, sachant que les participants peuvent déjà le faire chez eux.
Le Ganja Yoga est une pratique qui reste illégale aux yeux de la loi canadienne. Pancini en a pleinement conscience mais justifie son offre par le fait que ses clients vivent une vie stressante et qu’il les aide à s’en libérer. Suffisant ? La parole serait plutôt à donner aux élèves pour approfondir ce sujet.
Aux États-Unis, et plus particulièrement en Californie, le Ganja Yoga existe depuis plus longtemps. Les étudiants fument avant le cours et ceux disposant d’une prescription médicale peuvent fumer sur place pendant les 15 minutes qui le précèdent.
Si vous avez déjà tenté l’expérience du yoga sous cannabis, je serais curieuse d’avoir votre retour.
*préférez peut-être les tisanes et infusions bio au CBD, ça relaxe le corps sans altérer le cerveau.
Cet article a 2 commentaires
Pas d’expérience à partager à ce niveau là. Je ne suis pas convaincu du tout.
On est d’accord 🙂
Les commentaires sont fermés.