Auto-entreprise : une vraie solution pour les profs de yoga ?

Le diplôme de prof de yoga en poche, vous êtes encore nombreux.ses à vous demander par où commencer pour vous lancer. Après avoir reçu de nombreuses demandes à ce sujet et plusieurs questions spécifiques concernant mon auto-entreprise, j’ai décidé qu’il était temps de faire un point.

C’est un fait, en France, le statut le plus prisé pour les profs de yoga est celui d’auto-entrepreneur. Pourquoi ? Pour moi, il existe deux raisons. La première, c’est qu’aujourd’hui beaucoup de professeurs de yoga conservent leur boulot – alimentaire ou non – tout en grattant quelques heures de cours par-ci par-là. Bon point pour l’auto-entreprise qui est cumulable avec un statut de salarié.

La seconde raison, c’est que la micro-entreprise (nouveau nom de l’auto-entreprise) est un système entrepreneurial simplifié au maximum.

« Simplifié », c’est le mot. Perso, il ne m’en fallait pas plus pour opter pour ce statut ! J’ai en effet un très très gros problème avec l’administratif. Tu me diras, on est beaucoup à être dans ce cas !  Cela dit, « simplifié » ne signifie pas pour autant « difficultés réduites à néant ». Loin de là ! Attendez-vous à ce que le RSI* (Régime Social des Indépendants) et l’URSSAF vous en fasse voir de toutes les couleurs.

Les avantages de l’auto-entreprise dans le yoga

Au-delà de la simplification à la création de l’entreprise notamment, l’un des gros avantages de ce statut c’est qu’il n’y a pas besoin de mettre de capital de départ. Autrement dit, tu peux tout à fait être un auto-entrepreneur fauché.e 🙂

Point non négligeable également, et c’est probablement ce qui aura fini de me convaincre : tu ne payes que si tu gagnes de l’argent.
En effet, dans tous les autres systèmes, il y a toujours quelque chose à payer, chiffre d’affaires ou non. En auto-entreprise, tu payes une cotisation proportionnelle à ton chiffre d’affaires, sans montant plancher. Autrement dit, pas de CA, pas de cotisation ! Et pas d’impôt non plus d’ailleurs.

Enfin, dernière simplification à noter, tous les montants facturés aux clients et élèves sont « TTC » puisque l’auto-entreprise n’est pas soumise à la TVA.

Fort heureusement d’ailleurs pour moi qui m’emmêle déjà les pinceaux dans mes déclarations à l’URSSAF… Je persiste, la paperasse c’est VRAIMENT pas mon truc !

Important à noter : la non-soumission à la TVA peut cependant avoir un désavantage certain. En effet, qui dit TVA dit aussi frais potentiellement déductibles. Ce qui ne concerne malheureusement pas les auto-entreprises.

Autrement dit, tous les frais générés pour ta micro-entreprise sont pour ta pomme ! Achat de tapis, briques, sangles, location de salle pour donner tes cours, création de ton site web, gestion de ta com’ (cartes de visite, flyers) etc. Tout ça, c’est à titre perso. Aucun moyen de les déduire de ton chiffre d’affaires pour payer moins de cotisations.
C’est vrai que c’est un peu pénible mais quand tu y regardes de plus près, généralement ces frais sont à effectuer tout au début de ton aventure de prof de yoga. Une fois que tu as ton site web, ta com’, tes tapis etc. , tu n’as plus tellement de frais.

Flexibilité sur le CA

Autre point positif selon moi, le chiffre d’affaires maximum autorisé pour un auto-entrepreneur est aujourd’hui de 77 700€. Perso je ne suis pas encore à m’angoisser pour le dépassement de CA, mais j’ai hâte que ça arrive et je te souhaite la même chose ! Ceci étant dit, lorsque l’on est salarié.e à côté, ça laisse tout de même une belle marge !

Auto-entreprise et chômage, ce qu’il faut absolument savoir

Voilà, c’est écrit assez gros pour être sûr que tu ne loupes pas le coche ! Nous sommes beaucoup à avoir rêvé et à rêver encore de notre affranchissement salarié. Vivre de notre passion, vivre de yoga, c’est vrai, c’est le pied ! Mais c’est un projet qui doit se faire pas à pas pour être sûr.e de ne passer à côté de rien.

Première chose à ne surtout pas faire lorsque l’on veut quitter sa boîte : démissionner. Là, c’est foutu, tu n’as plus droit à rien pour créer ton auto-entreprise. Ce n’est pas tellement logique, c’est même foncièrement débile et injuste, mais c’est comme ça.

Evidemment, il existe des cas particuliers de démission qui donne accès à certains droits. C’est ce que l’on appelle la démission pour motif légitime, que l’on retrouve dans les cas suivants:

  • démission pour non paiement des salaires;
  • démission au début du contrat (à vérifier en détails);
  • démission suite à la cession d’activité de l’entreprise;
  • démission suite à un déménagement;
  • démission suite à des actes délictueux

Si tu ne penses pas te retrouver dans l’un de ces cas, fais ton possible pour négocier une rupture conventionnelle. C’est la clé pour bénéficier d’un maximum d’aide dans ta création d’entreprise.

L’ACCRE et L’ARCE, sésames vers ta nouvelle vie

Une fois ta rupture conventionnelle validée, ton préavis écoulé et ton apéro de départ cuvé, l’heure est venue de passer à l’Accre !

C’est l’Aide aux Chômeurs Créateurs et Repreneurs d’Entreprises. Crois-moi, ce truc a été pour moi une vraie bénédiction !

Premier avantage de cette aide : tu bénéficies d’une exonération partielle de tes charges sociales; Autrement dit, tu ne payes que très peu de cotisations pendant quelques années.

Pour ma part, je n’en ai pas vraiment profité puisque la première année, je n’ai quasiment rien généré en CA. Dommage ! Mais si mon expérience peut te booster à tout donner dès la première année, fonce !!

Autre ressort intéressant (ou pas, d’ailleurs), l’ARCE (Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise) te permet de demander le versement d’une partie de ton « capital chômage ». Je m’explique. Tu quittes ta boîte, tu touches le chômage. Ce chômage est versé une fois par mois sur ton compte pendant x mois. Plutôt que de le récupérer tous les mois, tu peux demander le versement de tes indemnités à hauteur de 45%. Cela te permet de constituer un capital de départ qui pourra notamment t’être utile pour tous les frais évoqués plus haut dans l’article. Attention cependant à bien lire les modalités et de bien se renseigner auprès de Pôle Emploi. Un petit conseil d’ailleurs si tu as une question pour Pôle Emploi, pose-la à plusieurs conseillers différents car les discours ne sont jamais les mêmes.

Perso, je n’ai pas opté pour le versement du capital. Ça arrange Popolemploi que tu choisisses cette option car tu sors ainsi des chiffres du chômage. Mais tu perds aussi tous tes droits de chômeurs. Et je n’avais pas envie de me passer de l’entrée gratuite dans la plupart des musées 😀

Indemnités chômage et revenus d’auto-entreprise, comment ça marche ?

Sur ce point, je dois le reconnaître, Popol fait très fort. Dans le cas rêvé où tu as droit à l’allocation chômage et que tu démarres ton auto-entreprise, voilà ce qu’il se passe :
Sur un mois, si tu ne génères pas de CA, tu touches 100% de tes indemnités chômage. Jusque-là, c’est logique.

Si tu génères du CA, Popol te verse un complément de revenus mais tu ne touches plus ton indemnité à 100%. Avant de monter sur tes grands chevaux, lis bien ce qui suit. Tu ne touches pas ton indemnité à 100%, certes, MAIS tes droits sont proportionnellement décalés dans le temps.

Exemple. Septembre 2024, tu touches ton premier mois de chômage. 1 000€ environ d’indémnités mensuelles pendant 2 ans. Sauf que la première année tu cartonnes tellement que ton CA dépasse largement ton montant mensuel d’indemnités. Dans ce cas, tu ne touches pas le chômage, certes, mais en septembre 2025, il te restera toujours 2 ans de chômage !
Je trouve ce système plutôt bien foutu puisqu’il permet l’accompagnement de l’auto-entrepreneur en le motivant à bosser pour sa boîte, tout en le mettant en sécurité.

Yoga et auto-entreprise, mais encore ?

L’auto-entreprise est certes le statut le plus prisé des profs de yoga mais il n’est pas le seul.

Salarié

Le saint graal pour les profs de yoga en mal de précarité. Retraite et couverture sociales désormais assurées !

Aujourd’hui, de plus en plus de start-ups sont créées dans le monde du yoga et proposent désormais des contrats salariés CDI. Attention néanmoins à ce genre d’annonces alléchantes. En tant que prof, si on en a marre de galérer et de passer de contrat en contrat, le salariat peut faire rêver. Ces boîtes offrent certes des garanties mais niveau salaire, on est très loin de ce que l’on peut facturer en tant qu’auto-entrepreneur. 2 à 3 fois moins de mon expérience.

Entrepreneur

Il y a aussi ceux qui voient grand et/ou qui ne sont pas allergiques à la paperasse. Ceux-là passent direct dans la cour des grands en créant leur EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée).

L’EURL, c’est une SARL (Société à Responsabilité Limitée) constituée d’une seule personne. Mis à part quelques exceptions, l’EURL est soumise aux mêmes règles que la SARL en terme d’engagement financier, de responsabilités et de fonctionnement et de régime fiscal. Contrairement à la micro-entreprise, le système est plus complexe, les charges importantes – CA ou non – mais les frais déductibles.

L’entrepreneur peut embaucher et la limite de CA est également biiiiiiien plus élevée. 8 millions d’euros, ça laisse un peu de marge. 😉

Association

Pour transmettre le yoga, certains optent pour la création d’une asso loi 1901. Ce type de structure et nécessairement à but non lucratif et n’est donc pas une solution pour les personnes qui souhaitent vivre du yoga. Elle reste cependant un joli moyen de le transmettre !

Black

Personne n’en parle mais tout le monde le fait. Je ne dis pas que c’est bien ou mal.  Le yoga n’est, de toutes façons, pas vraiment friand de ces notions manichéennes. Mais c’est un fait, en donnant des cours de yoga à des particuliers qui règlent tous en liquide, évidemment que c’est tentant de ne pas tout déclarer.

Là-dessus, évidemment il y a matière à débat. Perso, je suis plutôt partisane de tout déclarer pour des raisons économiques, sociales, politiques et éthiques, pick your favorite. Mais je ne vais pas te dire que je ne l’ai jamais fait.

Et au passage, je te rappelle le principe asteya énoncé par Patou dans les Yoga SutrasAsteya, c’est le non-vol. Un principe qui regroupe plusieurs notions et que chacun peut interpréter à sa façon. D’un certain pour de vue, il est clair que le black peut rentrer dans les considération de asteya.

Petite parenthèse intéressante, je me souviens un jour qu’une personne m’avait même dit que les cotisations URSSAF étaient aussi élevées parce que, justement, le système prenait en compte le fait que les auto-entrepreneurs générait environ 30% de CA au black. Voilà, c’est dit 😉

Globalement, je suis ravie d’avoir opté pour ce statut qui offre finalement beaucoup d’avantages. Que l’on soit prof de yoga à temps plein ou en complément d’un job salarié, c’est, de mon point de vue, le régime le plus évident à adopter. Pour en savoir plus, je vous invite d’ailleurs à consulter cet article, Professeur de yoga en auto-entreprise, qui m’a appris pas mal de choses sur le sujet. Et pour celles et ceux qui avaient encore des doutes, oui, on peut vivre du yoga ! Rendez-vous sur ce billet au titre ô combien provocateur 😉 Professeur de yoga, un métier qui rapporte ? 

*cf Portail-autoentrepreneur.fr

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Cet article a 12 commentaires

  1. Camille

    Et qui plus est, déclarer son URSSAF permet de cotiser pour sa retraite et son assurance-maladie… et ça c’est important 🙂
    Merci pour ton super article qui résume TRES BIEN un sujet hyper compliqué !

    1. Emilie

      Merci Camille !! En effet c’est un peu compliqué et je suis contente que ton retour soit si positif parce que je me demandais justement si c’était assez clair et complet 🙂 Et surtout merci pour cette précision non négligeable au sujet de la retraite et de la sécu !

  2. Siaga

    Bonjour,
    je ne sais pas si ce sujet a déjà été traité mais qu’en est-il de l’assurance en tant que prof de yoga ? Avez-vous souscrit à une assurance pro responsabilité civile ou une assurance plus spécifique ? Couvre-t-elle les dommages corporels qui peuvent être causés aux élèves ? (Ce n’est pas le cas des assurances responsabilité civile en général)
    Merci d’avance pour vos réponses!

    1. Emilie Leduc

      Bonjour Siaga,
      J’ai en effet une assurance pro responsabilité civile qui fonctionne très bien. Elle est obligatoire pour pouvoir enseigner. 😉

      1. Lucie

        Bonjour Emilie! Quelle assurance pro RC as-tu choisi? Merci pour ton aide! Lucie

        1. Emilie Leduc

          Hello Lucie,
          Pardon pour ma réponse tardive ! Je suis à la Maaf et jusqu’ici tout va bien 🙂

  3. Mille

    Bonjour Émilie,
    Est-ce que ce génial écrit est toujours valable en mars 2022 ?
    Je suis totalement d’accord avec l’histoire du truc administratif relou, donc jhesites entre être en micro entreprise ou auto entrepreneur. J’ai toujours pas saisi différence…. Y’a des trucs qui ont changé depuis ton écrit et des trucs qui ont fusionné.
    Y’a toujours moyen d’être en micro entreprise et de déclarer uniquement une fois par an ou aujourd’hui faut être d’office auto entrepreneur et faire sa déclaration tous les 3 mois ? ?
    Pffffiouuu.
    Ha au fait : prof de yoga too ?
    Bises et un grand merci

    1. Emilie Leduc

      Hello Marine, je te confirme que l’article est à jour. 🙂 Auto-entrepreneur et microentrepreneur c’est exactement la même chose. Exactement 🙂 donc pas besoin de choisir ! La déclaration tous les 3 mois est à mon sens plus intéressante car elle nous oblige à faire nos comptes (déjà :)) et aussi de ne pas oublier (et de prendre un temps fou) comment fonctionne la déclaration URSSAF. Je ne pense pas que cela soit possible 1 fois par an. Et si ta dernière question est : « es-tu prof de yoga ? », je pensais que c’était évident vu l’espace où tu as trouvé cet article 🙂

  4. Catherine

    Bonjour
    Installée depuis peu en micro entreprise, j’aimerais savoir comment justifier les recettes de mes séances afin de ne pas être en porte à faux avec l’administration fiscale
    – Nombre d’élèves ou nom de chaque élève ?
    – sur quel support ? Cahier, tableau Excel?

    Merci d’avance pour votre retour

    Namaste 🤸‍♂️

    Catherine

    1. Emilie Leduc

      Bonjour Catherine, le tableau excel est parfait pour noter vos recettes. Le nombre de vos élèves par cours, éventuellement leur nom pour plus de précision, ainsi que le montant des sommes versées devraient largement suffire. Sachant qu’il me semble que l’administration fiscale s’intéresse surtout à ce qui est perçu sur le compte en banque. Mais pour le détail en effet, j’utilise un excel 🙂

  5. Nicole

    Bonjour, je suis nouvellement auto entrepreneur après avoir longtemps exercé une profession libérale. Est-ce que réellement les frais ne sont pas déductibles en tant qu’auto entrepreneur?
    Merci de m’éclairer

    1. Emilie Leduc

      Bonjour Nicole, oui c’est le cas. Quelle que soit notre option fiscale (versement libératoire ou barème progressif), nous sommes imposé.es sur notre chiffre d’affaires et ne pouvons déduire aucune charge ni amortir le matériel. L’auto-entreprise a d’autres avantages, mais pas celui-là 🙂

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