A force d’évoquer le nom de Patanjali dans plusieurs de mes billets, il était temps que l’on en vienne au vif du sujet. Patou par ci Patou par mi, mais enfin qui est Patanjali ?
Patou, sa vie son œuvre
Concernant l’œuvre la plus connue de Patanjali qui est, je vous le donne en mille, les Yoga Sutras, on sait un paquet de trucs sur lesquels nous reviendrons bien vite.
En revanche, concernant sa vie, trou noir. Personne ne sait vraiment quand il a vécu. En fonction des sources, on peut trouver un créneau entre 300 avant J-C et 500 après J-C. 800 ans le créneau. C’est un peu comme si tu disais que Baudelaire avait vécu plus ou moins entre 1216 (Moyen-Age, donc) et 2016. En gros.
D’autres disent qu’il aurait vécu entre 500 et 200 avant J-C. C’est déjà un peu plus précis mais ça manque quand même de consistance.
Aparté – En faisant mes recherches, je suis quand même tombée un magazine de yoga très connu et « sérieux » qui atteste que les Yoga Sutras auraient été rédigés par Patanjali en 1 700 avant J-C. Balaise.
En bref, personne ne sait vraiment de quoi il retourne donc pas la peine de se prendre trop la tête. Disons simplement qu’il a vécu il y a fort fort longtemps, ça suffira. Et puis finalement, on se fout un peu de connaître sa date de naissance et ce qu’il aimait manger le midi. Ce qui compte, c’est ce qu’il nous a transmis.
Patanjali, un grammairien ?
Certains associent Patanjali à la rédaction de Mahābhāṣya, le « Grand Commentaire ». Comme son nom l’indique, il s’agit d’un commentaire sur un traité de grammaire sanskrite écrit par un mec du nom de Panini. Ça c’est de l’info qui ne s’invente pas.
Ce texte, la Mahabhsya, aurait été écrit en 200 avant J-C. C’est en se basant sur cette info que certains spécialistes affirment que Patou aurait vécu à cette époque.
Mais là encore, c’est le bordel. Tout le monde n’est pas d’accord. Il y aurait potentiellement 2 Patanjali. Le grammairien et le Patou des Yoga Sutras.
Une fois n’est pas coutume, difficile de trouver des infos qui permettent d’appuyer ou de réfuter ces dires.
Patanjali dans la mythologie
Les Hindous adorent la mythologie et, au regard de l’influence spirituelle qu’opère le nom de Patanjali depuis des siècles, ils ont fait de Patou une légende.
Celle-ci raconte que notre bon vieux Patoche aurait été envoyé sur terre pour enseigner le yoga. Pour l’envoyer prêcher la bonne parole, les dieux n’ont rien trouvé de mieux que de le transformer en petit serpent. Arrivé du ciel, Patou tomba dans les mains de Gonika, une yogini encore vierge qui priait justement les dieux de lui donner un fils. Patanjali ne put résister à l’appel (quel coquin ce Patou) et se transforma en humain pour… devenir son fils ! On aurait pu croire qu’il profiterait de la situation pour y mettre un peu du sien et lui donner un fils, mais non ! Loin s’en faut ! Quel ascète ce Patou.
Aujourd’hui, Patanjali est parfois représenté comme l’incarnation du serpent à mille têtes, Shesha ou Ananta, qui sert souvent de trône ou de lit au dieu Vishnu. Sur cette image psychédélique, Vishnu n’est pas allongé sur un matelas de piscine gonflable mais bien sur notre bon vieux Patou.
D’autres légendes racontent qu’il serait devenu Adinaga, le premier serpent. Ainsi, la partie inférieure serait celle d’un serpent sur laquelle reposerait Vishnu. Même principe que plus haut, du coup 🙂
Enfin, voici ce qu’Iyengar nous dit de Patanjali dans son livre « Light on the Yogas Sutra of Patanjali ».
Il est considéré comme un svayambhu, une âme évoluée qui a choisi de se réincarner pour aider l’humanité. Il a revêtu une forme humaine pour expérimenter nos joies et nos peines et apprendre comment les transcender. Dans les Yogas Sutras, il décrit les moyens de dépasser les tourments du corps et de l’esprit, obstacles à l’évolution spirituelle.
Ses propos sont directs, originaux et traditionnellement considérés comme d’inspiration divine. Plus de vingt siècles plus tard, ils sont toujours actuels, fascinants, universels et complets. Ils le resteront sans doute pour les siècles à venir. En 196 aphorismes, ou sutras, il traite de tous les aspects de l’existence, commençant par un code de conduite éthique pour finir par la vision de notre véritable nature. Chaque terme des sutras est d’une extrême concision et précision; chargé de sens. De même que la moindre goutte de pluie participe à la formation des océans, tous recèlent réflexion et expérience et sont indispensables à l’ensemble.
Tout est dit.
Patou, seul-tout ?
La rédaction des Yoga Sutras semble s’échelonner sur plusieurs siècles. Là encore, on retrouve les dates de -300 avant J-C à 500 après J-C. Aussi, et si tel est en effet le cas, il va s’en dire qu’il est impossible que Patanjali ne soit qu’une seule et même personne.
Une fois de plus, personne n’est d’accord à ce sujet. La cohérence dans la structure, le langage et le style des Yoga Sutras laisseraient croire pour certains qu’il s’agirait bien de l’œuvre d’une seule personne. D’autres affirment qu’il existerait 14 « Patanjali », auteurs des Yoga Sutras.
Le mystère reste entier.
Patanjali, son enseignement
Evidemment, hors de question de parler de notre Patou international sans aborder les Yoga Sutras. Ces textes sacrés rassemblés il y a fort fort longtemps (comme ça je suis certaine de ne pas me planter sur les dates) sont un peu la « bible du yoga ». Leur côté universel et contemporain est probablement à l’origine de son « succès ».
Pour faire court, les Yoga Sutras expliquent comment le yoga et la méditation permettent d’atteindre l’éveil. L’éveil étant ce niveau de connaissances ultime qui laisse s’évanouir l’ego au profit d’un amour et d’une joie sans borne. Ces textes sont à l’origine du Raja Yoga, le yoga royal que l’on appelle aussi Yoga Intégral.
Parmi les extraits les plus connus des Yoga Sutras, on notera les 8 membres du yoga, appelés aussi l’Ashtanga Yoga que je décris dans ce billet → https://my-happy-yoga.com/allo-docteurs-yoga/
Pour rappel, les 8 membres du yoga sont:
Yamas – actions de bienveillance vis-à-vis des autres
Niyamas – actions de bienveillance vis-à-vis de nous-même
Asanas – posture de yoga
Pranayamas – technique de maîtrise du souffle
Pratyahara – retrait des sens
Dharana – concentration de l’esprit sur un objet
Dyhana – méditation
Samadhi – illumination
De part leur aspect extrêmement concrets et contemporains, ce sont probablement les Yamas et Niyamas qui sont aujourd’hui le plus étudiés en philosophie.
Mais en dehors de ce qu’il ou ils a/ont écrit, Patanjali nous révèle autre chose.
Le fait qu’il soit si difficile d’en savoir plus sur lui est révélateur d’une grande sagesse. Il a levé le voile de l’ignorance et nous partage comment faire de même. Et il le fait en toute simplicité, sans chercher à se mettre en avant. Il se fout des lauriers et de la postérité. Il a fait son taf, ce pourquoi il était venu sur terre, son dharma. C’est ainsi que le fait même de ne rien savoir – ou presque – sur Patanjali est en soit une belle leçon d’humilité. Une leçon de vie.
Classe jusqu’au bout le Patou.
Cet article a 2 commentaires
un seul mot a dire: Namaste. 😀 lol
en fait, je n’ai rien à ajouter, juste à méditer en silence.
Exactement 🙂