Organiser une retraite de yoga: les erreurs à éviter

Le concept de la retraite de yoga fait rêver.  Tout autant les profs que les élèves, d’ailleurs. Un cadre idylique, une parenthèse magique dans un quotidien stressant et la possibilité d’approfondir son chemin dans le yoga. Bref, une aventure initiatique fondée sur le partage. Ça, ce sont les faits. Mais comme souvent, la réalité est parfois bien différente.
Il y a quelques mois, j’ai organisé une retraite de yoga en Tunisie. Rien ne s’est passé comme prévu et cette aventure m’a profondément affectée. Aujourd’hui, j’ai tiré les leçons de cette aventure et je tenais à les partager.

Tu es professeur•e de yoga et tu t’apprêtes à organiser une retraite de yoga ? Voici quelques conseils qui te permettront de vivre cette expérience merveilleuse en toute sérénité.

Quand organiser sa retraite de yoga ?

Quelle saison ?

Le pic des retraites de yoga démarre  à l’arrivée du printemps et se termine à l’automne. C’est aussi sur cette période que les prix des locations sont les plus élevés, logique. Plus de concurrence et plus cher, donc. Voilà pourquoi organiser sa retraite de yoga en décalé peut être une bonne idée.

Vacances scolaires ou non ?

L’avantage de proposer sa retraite de yoga pendant les vacances, c’est que tu peux récupérer les mamans (et les papas !) qui ont besoin de se détendre ! En période scolaire, les mamans ont trop à gérer. Mais pendant les vacances, elles peuvent laisser leurs enfants plus facilement et s’octroyer un peu de bon temps.

Reste une question essentielle: quand est-ce que je m’y mets ? Aujourd’hui, on voit que certaines retraites de yoga sont lancées près d’un an à l’avance. En fonction du lieu que tu as choisi – très prisé ou pas – et de ton emploi du temps, le plus tôt sera le mieux.
Et puis c’est logique: plus tu t’y prends tard, plus il sera difficile de remplir ta retraite. Les coups de com’ c’est bien, mais les retombées peuvent se faire attendre… longtemps !
Détail qui a son importance aussi, l’impact pécuniaire. Pour éviter d’avancer trop de frais ou de finir en négatif par manque d’inscrits, prévois assez large pour recevoir un acompte plusieurs mois à l’avance. Enfin,  la totalité de la somme doit t’être parvenue avant le début de ta retraite.
Pour ma retraite de yoga en Tunisie, j’ai anticipé à peine 4 mois à l’avance. Un délai beaucoup trop court. Je n’ai pas eu de souci en terme d’inscrits mais j’ai mal géré mes finances. Résultat, le dernier paiement m’est parvenu 3 jours avant le départ. Si c’était à refaire, je commencerai ma communication et l’organisation 8 mois minimum à l’avance.

Où organiser sa retraite de yoga ?

Une villa en bord de mer, un hameau perdu dans la montagne, les lieux canons ne manquent pas. Une fois que tu as choisi le cadre global que tu souhaites donner à ta retraite, prends bien le temps de sélectionner ton prestataire ! C’est LA CLÉ. Aujourd’hui, il existe des tas de lieux qui démarchent les professeurs de yoga pour qu’ils y organisent des retraites. Ils proposent souvent des packages tout compris avec logement, repas voire activités subsidiaires. C’est le top pour le/la prof qui n’a pas à gérer tout ça. Mais attention aux plans foireux.
Pour organiser ma retraite en Tunisie, j’ai été démarchée de cette manière. On m’a travaillé au corps pendant des mois avant que j’envisage de me lancer. J’avais quelques réticences à me lancer mais la personne a su me mettre en confiance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on m’a vendu du rêve. Une prestation complète qui comprenait le logement, les repas, la salle de yoga, les tapis et même les excursions touristiques ! Il me suffisait de payer pour tout cela et de proposer aux élèves le tarif que je voulais pour me faire ma marge.

L’erreur que j’ai commise est de ne pas avoir visiter les lieux avant de prévoir cette retraite. Résultat, on me vendait une maison au bord de la plage qui s’est révélée être couverte de déchets. Même souci pour les chambres. Je pensais avoir un espace à moi et, lorsque je suis arrivée sur place, on m’a dit que je devrais partager ma chambre avec l’une de mes élèves. Ça jette un froid quand tu t’y attends pas. Fort heureusement, j’ai passé une excellente semaine avec Elina qui a depuis monté son joli projet: La Bulle Exploratrice !
Autre détail important dont j’aurais pu me rendre compte en visitant les lieux: l’espace de yoga. C’est vrai, c’était joli. Une terrasse sur le toit de la maison avec une jolie vue sur la Méditerranée. Mais le sol n’était pas plat et surtout, poussiéreux à souhait. Ça paraît vraiment anecdotique comme ça, mais ça ne l’est pas ! Pour couronner le tout, les tapis étaient eux aussi très sales. Pour moi, ça ne fait pas pro et ça donne une mauvaise image de la presta.
En somme, je conseille dans la mesure du possible de visiter les lieux avant de se lancer ou faire jouer le bouche-à-oreille de confiance.

La qualité des repas

Comme dirait Karadoc, « bien manger, c’est important ! ». Le yoga étant une approche globale pour le corps et l’esprit, pour moi la nourriture est un point clé. Perso, la retraite de yoga est l’occasion d’appliquer le principe de sauca, la pureté. Quelques jours sans viande et sans alcool ça n’a jamais fait de mal à personne. Mais attention, ce qui est bon pour la santé n’est pas toujours bon tout court. Si le prestataire propose de fournir les repas, assure-toi de leur qualité.
De ce côté-là, rien à redire en Tunisie. Les repas préparés avec amour furent le soleil de séjour.

Faire un contrat

Certes on est dans le yoga, mais on n’est pas dans le monde de Oui-Oui. Faire les choses de manière pro, ça rassure.
Entre nous, je n’avais même pas eu l’idée de verrouiller les accords sous contrat. Grave erreur. Au-delà des soucis de logement et des tapis sales, j’ai eu bien plus de fil à retordre !
Comme je le précisais plus haut, les lieux d’accueil proposent souvent une prestation globale incluant différents services. Le top en terme d’organisation car le prof a juste à s’occuper de ses cours de yoga. Mais ça, c’est dans le monde de Oui-Oui. Dans le monde réel, s’il n’y a pas de contrat qui verrouille l’engagement des 2 parties, c’est le bordel.
Exemple: J’ai payé mon prestataire à Tunis pour qu’elle organise les visites guidées de certains lieux touristiques. Ce que je ne savais pas, c’est que le guide mandaté pour faire les visites était… un pote à elle qui connaissait le coin. De surcroît, alors que le prix des visites était compris dans la prestation que j’ai réglé, nous avons dû payer en plus les entrées aux vestiges de Carthage. Notre « guide » nous a perdu dans les rues de la ville et nous sommes arrivés au site 10 minutes avant la fermeture du site. Quali !
Aussi, pour éviter ce genre de désagrément et bien pire, je conseille vivement de tout verrouiller par contrat.

S’associer ?

Organiser sa retraite de yoga seul•e ou à plusieurs professeurs ? Une question qui mérite d’être posée. A plusieurs, on réparti mieux les tâches en amont. L’organisation d’une retraite, c’est tellement de taf que cet argument est loin d’être négligeable. Mais encore faut-il tomber sur la bonne personne ! Quand les choses se passent bien, l’intérêt d’être 2 est d’avoir 2 fois moins de boulot et 2 fois plus de plaisir !
Organiser une retraite seul•e, c’est évident, on fait ce qu’on veut. Et on empoche aussi la totalité des sous. Pas d’embrouille, on gère son planning comme on l’entend sans être obligé de s’accorder avec l’autre.
Personnellement, c’est tout vu ! Cette dernière expérience malheureuse m’a conduite à ne plus organiser de retraite de yoga. Bon, je changerai peut-être d’avis. Ce qui est certain, c’est que je ne le ferai plus toute seule. Tiphaine, Camille, Laura, Mélanie, je prendrai une copine (ou plusieurs !) pour tenter à nouveau l’aventure. Si c’est votre première retraite, pourquoi ne pas l’organiser à 2 ? Cela permet d’affronter les galères ensemble et de mieux se préparer pour une prochaine retraite en solo !

Black or not black ?

Voilà un point qui m’a donné des sueurs froides… On sait tous que les profs de yoga font du cash. Mais quid d’une retraite de yoga où les sommes peuvent être élevées ?
Pour moi, le principe était simple: je reçois les sous des élèves, je paye ma prestataire en Tunisie et je déclare ce que je gagne vraiment. Sauf que, dans mon raisonnement j’ai omis un détail. L’URSSAF est très clair sur le sujet: en tant qu’auto-entrepreneur, il faut déclarer son chiffre d’affaires. Pas son bénéfice. Autrement dit, peu importe combien je reverse au presta, je dois déclarer l’intégralité de ce que je reçois par les élèves. Boulette… Parce que dans ce cas précis, je me retrouve à déclarer 4 fois plus que ce que je touche réellement. Et là, clairement, c’est tentant de tout passer en black.
Ce que j’aurais dû faire: demander à certains élèves de virer directement l’argent au prestataire plutôt qu’à moi. Ainsi, le presta est payé, moi aussi et je peux déclarer ce que je gagne réellement.
Ce que j’ai fait pour rattraper ma connerie: un sacré mic-mac pour retomber un minimum sur mes pattes et éviter de faire du black. Mais dans ce cas, faites ce que je dis mais pas ce que je fais !
Par ailleurs, cette histoire de paiement de presta m’aura valu une sacrée aventure. Comme tu le sais, l’auto-entreprise n’est pas soumise à la TVA. Impossible donc de déduire tes frais. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour ne pas demander un justificatif de transaction au prestataire en question. Sauf que côté Tunisie, la pilule n’est pas du tout passée.
Alors que je m’apprêtais à faire le virement pour régler ma prestataire, elle me demande finalement de rapporter l’argent en cash. C’est vrai que je me voyais super bien prendre le RER et arriver en Tunisie toute pimpante avec près de 2 000 balles en petites coupures. Même pas peur. Evidemment, j’ai refusé. Ma prestataire insiste pourtant. J’arrive donc en Tunisie sans avoir réglé ce que je dois, sans cash, et avec un mauvais pressentiment. En voyant la tournure que prenait les choses, j’ai accepté le paiement en cash en échange d’un reçu attestant du-dit paiement. Mais qu’est-ce que j’avais pas fait ??! Conflit diplomatique en vue !!!! Tout en continuant d’animer ma retraite comme je pouvais, il me fallait néanmoins résoudre cette crise sans trop de casse. Et là, franchement je me serai crue dans un film. Devant les élèves, la prestataire se pointe le 3ème jour et demande à me voir à l’abri des regards. Elle me fait sortir et m’amène au bord d’une falaise. Je déconne pas. Elle voulait être sûre de « rester discrets ». Là, elle me prend entre 4 yeux et me dit à quel point elle est « déçue » de mon comportement. Parce que je lui demandais un reçu !! Elle pensait « qu’on se faisait confiance », « qu’on était d’accord dès le début » etc. etc. Bref, j’ai fini par comprendre qu’elle faisait tout au black et qu’elle pensait que moi aussi. Résultat, soit je m’asseyais sur mon reçu, soit elle montait le prix de 20%, « TVA oblige » selon elle. Je me suis rarement sentie aussi piégée. Vraiment, c’était pas agréable.

Si, plusieurs mois après cette retraite, je décide de partager ce très mauvais souvenir, c’est pour une seule raison: faites gaffe. Ne faites pas confiance aussi facilement. Ne refaites pas les mêmes erreurs que moi ! Renseignez-vous bien sur votre futur prestataire et verrouillez tout vos échanges dans un contrat.

Le prix

J’ai été très marquée par le discours tenu par une prof de yoga à Paris qui me dit un jour qu’elle organisait un maximum de retraites de yoga parce que c’était bien plus lucratif que de donner des cours de yoga. En voilà un argument massue pour encourager les profs à s’y mettre.
Perso, comme tu as pu le constater au paragraphe précédent, mes différentes erreurs m’ont coûté beaucoup d’argent. Je suis donc super mal placée pour vous dire comment en gagner !
Pour définir le tarif, prends le temps de bien calculer quelle marge tu veux garder pour toi. Ça paraît évident, mais je t’assure que ça vaut le coup de calculer et re-calculer pour être certaine. Et check les autres retraites pour tomber dans les clous niveau tarifs.
Pour ma part, j’avais volontairement mis des tarifs très attractifs i.e. moins de 500€ tout compris pour 5 jours – sans l’avion. Un tarif qui défiait toute concurrence, certes, mais qui ne m’a pas permis de me payer comme je voulais. Soit juste, tout autant pour les élèves que pour toi.

Communiquer

Une fois que tous les détails pratiques sont en place (dates, lieux, programme etc.), il va falloir la remplir cette retraite ! Pour cela, il faut communiquer un max. Premier réseau: tes élèves. C’est ce qui fonctionne le mieux. Là encore, j’ai fait l’erreur de ne pas oser communiquer à mes propres élèves en direct. Certes, les abonnés à la newsletter ont reçu les infos, mais je n’ai rien communiqué pendant les cours. Je trouvais que ça faisait trop marchande de tapis. C’était une bêtise.
Outre la newsletter, il y a évidemment les réseaux sociaux. Facebook Twitter et Instagram, voilà les 3 réseaux sur lesquels j’ai diffusé. Un peu moins personnelle comme approche, mais ça peut fonctionner.
Il y a également les blogs de yoga, tout simplement ! Là-dessus, j’ai eu beaucoup de chance car les filles ont toutes répondu présentes à mon appel ! Maud, Maëva, Mélanie, Marie, elles ont toutes accepté de parlé de ma retraite en Tunisie. Merci encore les filles !
Et puis, si tu as de la chance (et du culot !), tu peux aussi tenter de faire parler de ta retraite dans les magazines de yoga type Esprit Yoga, Yoga Journal etc.

Cette retraite en Tunisie m’aura donné beaucoup plus d’émotions que ce que j’imaginais. Je serai franchement tentée de regretter cette aventure parce qu’elle m’a beaucoup affectée. Mais apprendre de ces erreurs m’aura tellement plus apporté. Aujourd’hui, je souhaite que cette expérience puisse être utile à toutes les personnes qui se lancent dans l’organisation d’une retraite.
Malgré les conseils et toutes les précautions prises, sache que rien ne se passe jamais comme prévu. Il y aura toujours un impondérable qui viendra te lancer un nouveau défi. Pratiquer le détachement, Vairâgyâ, est probablement la seule solution valable pour vivre sereinement cette aventure, quoi qu’il arrive.

D'autres news similaires

Rechercher

Yoga au bureau !

Vous êtes salarié.e et avez envie de faire entrer le yoga dans votre entreprise

Vous êtes soucieux.se de la qualité de vie de vos collaborateurs ? J’accompagne les entreprises depuis 10 ans sur ces problématiques grâce au yoga et à la méditation ! Contactez-moi :) 

emilie@my-happy-yoga.com / 07 50 38 64 05

Ce message d’erreur n’est visible que pour les administrateurs de WordPress

Erreur. Aucun flux trouvé.

Veuillez aller sur la page de réglages d‘Instagram Feed pour connecter votre compte.

Cet article a 6 commentaires

  1. raki

    Merci de partager cet article, ca va m’aider dans l’organisation d’un projet.
    Je te souhaite un bon chemin ! 🙂

    .Namaste.

    1. Emilie Leduc

      Avec plaisir Raki ! Ravie que cela puisse t’aider 🙂

  2. Virg

    Bonsoir Emilie,
    Je lis ton article en pleine préparation d’une retraite… Merci de partager cette expérience. Car effectivement, à lire certains blogs ou articles de revue, on pourrait croire qu’organiser une retraite demande 2h de temps et zou, c’est bouclé. Eh bien non (pas me concernant en tout cas). La question de ce qui est juste pour soi et juste pour les participants est difficile à appréhender (je fais partie du Club des Ouioui).
    J’espère que tu te remets de cette expérience.

    1. Emilie Leduc

      Hello Virginie, `
      Merci pour ton message et ton témoignage qui est aussi très important pour moi ! En effet une retraite demande beaucoup de travail, de temps et de persévérance. Et malgré ça on n’est toujours pas à l’abri des surprises ahah ! Bien sûr depuis le temps je me suis remise de cette expérience mais il est vrai que j’ai fait le choix de ne plus en proposer pour le moment.. On verra avec le temps ! Si tu veux me raconter comment s’est déroulé ta retraite je serais curieuse et ravie d’en savoir plus ! 🙂

  3. julie

    Bonjour Emilie,

    Je tombe sur votre article car en tant que futur prof de yoga et ancienne agent de voyage, une question de légalité quant à l’organisation de retraite de yoga me vient à l’esprit. En effet en France, tous les organisateurs de voyages doivent être obligatoirement immatriculés chez Atout France, ce qui implique une garantie financière (très) importante. Je me pose donc la question, voulant en organiser moi même, comment avez vous fait pour pouvoir organiser légalement votre retraite, en tant qu’indépendant, sans être immatriculé organisateur de voyage? Car je ne me vois pas demander une immatriculation, financièrement en tant qu’auto entrepreneur c’est mission impossible. Je cherche désespérément la réponse à cette question sur le net, en vain..
    Merci pour votre retour d’expérience dans cet article qui est très enrichissant.

    1. Emilie Leduc

      Bonjour Julie, comme je l’explique dans l’article, j’ai fait beaucoup d’erreurs pendant cette retraite et j’ignorais qu’il y avait besoin d’une immatriculation. Le fait est que j’ai relayé cette retraite mais je ne l’ai pas réellement organisée puisque c’est la personne qui nous accueillait qui s’est occupée de tout mettre en place. J’imagine que dans ce cas là, il ne s’agit pas d’être organisateur mais plutôt de devenir prestataire, et dans ce cas pas besoin d’immatriculation ? Au regard de mon article, ce n’est clairement pas un sujet que je maîtrise. Des années après cela, je n’ai plus jamais « organisé » ou en tout cas animé de retraites de ce genre 🙂

Laisser un commentaire